Rencontre de l'Agam & ARS PACA : Urbanisme et santé, bien vivre en ville
Rencontre de l'Agam & ARS Paca : Urbanisme et santé

Article : Périodique

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Les Cahiers de l'IAU, 170-171 - Territoires, incubateurs de santé ?
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santé via Doc AGAM on Inoreader
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Les bébés prématurés, victimes fragiles des perturbateurs endocriniens
Machines, cathéters, médicaments... Les dispositifs médicaux qui maintiennent les bébés prématurés en vie contiennent des perturbateurs endocriniens. Ces substances présentes dans le plastique ont des effets sur leur santé.
Lire la suite - Info / Pollutions , Santé
Les perturbateurs endocriniens se nichent partout, même au coeur des structures de soin, auprès des plus vulnérables. Les bébés prématurés, particulièrement sensibles à ces substances chimiques qui perturbent le système hormonal, font partie des victimes. Minuscules, ils ont besoin d'un (...) -
Restriction dans le parc des Calanques : "Il y a un vrai risque de santé publique"
Réunis depuis cinq jours à Paris, au siège de l'Unesco, les pays du G7 promettent de mettre fin à leur pollution plastique en 2040. Est-ce un objectif tenable ?L'organisation de ce traité est déjà une révolution parce qu'il est normalement... -
Nos corps sont contaminés par des microplastiques dangereux
Les microplastiques sont partout : dans notre environnement, notre eau, nos aliments et même notre organisme. Et les preuves scientifiques s'accumulent quant à leur nocivité pour notre santé.
Lire la suite - Enquête / Pollutions , Santé , Sciences
Vous lisez l'enquête « Le plastique tout-puissant ».
On en mange, on en boit, on en inspire et on s'en badigeonne... La question n'est donc plus de savoir si nous absorbons des microplastiques, mais plutôt lesquels et en quelles quantités. « Les microplastiques sont préoccupants pour la santé humaine à cause des (...) -
Toxicité des polluants éternels : les industriels savaient depuis 50 ans
Les chimistes 3M et DuPont ont sciemment caché la toxicité des PFAS, présents dans les poêles, emballages, vernis... Ils savaient pourtant dès les années 1970 que ces polluants éternels étaient très dangereux, révèle une étude.
Lire la suite - Info / Pollutions , Santé
Papier toilette. Emballage alimentaire. Peinture. Poêle anti-adhésive. Vernis. Chaque jour, vous entrez peut-être en contact avec plusieurs produits contenant des per- et polyfluoroalkylés (PFAS), des substances ultratoxiques prisés par les industriels pour leurs propriétés (...) -
Début de négociations compliqué pour le traité contre la pollution plastique
DÉCRYPTAGE - Même si elles ont mal commencé à Paris, les négociations des Nations unies pourraient aboutir à une déclaration commune des pays contre l'usage excessif des polymères, nocifs pour la santé humaine, l'environnement et la biodiversité. -
Trois projets de recherche pour mieux comprendre les effets de la pollution sur la santé des femmes
Les effets de l'exposition aux bisphénols et aux nanoparticules de plastique dans le cancer du sein, celle des pesticides dans des pathologies hépatiques ou encore de l'environnement dans l'endométriose sont décryptés dans trois projets de recherche. -
Podcast « Zootopique » : Stressé comme un poisson dans l'eau
Les poissons sont soumis à de nombreux stress, notamment à cause du changement climatique. Jean Wimmerlin/Unsplash, CC BY-SA
« Zootopique » est une série de podcasts réalisés en partenariat avec l'Anses (Agence nationale sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) qui interroge nos relations avec les animaux au prisme de la santé. Après une première saison portant sur des thèmes aussi variés que le déclin des abeilles ou les maladies portées par les moustiques et les tiques, nous vous proposons une deuxième saison.
Pour ce deuxième épisode, Morgane Danion, chargée de projets scientifiques en immuno-écotoxicologie dans l'unité VIMEP de l'Anses et Thierry Morin, responsable de l'unité de virologie, immunologie et écotoxicologie des poissons à l'Anses font le point sur la santé des poissons.
Entre pollutions, virus et changement climatique, comment se portent-ils ? Quelles sont les espèces les plus menacées ? Que faire pour les protéger ?
Alors, stressé comme un poisson dans l'eau ?
Crédits : Conception : Anses et The Conversation France. Réalisation : Moustic Studio. Animation : Benoît Tonson.
Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.
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Le plastique tout-puissant
Alors que la Commission européenne souhaite abandonner le plastique, les lobbies militent pour le garder sous sa forme recyclée. Et ce, alors que les microplastiques sont néfastes pour notre santé.
Lire la suite - Enquête / Pollutions
[1 / 3] Plastique : les lobbies très emballés par le recyclage
Pour réduire les emballages en plastique, la Commission européenne souhaite plus de réemploi. Mais ce dernier est boudé par l'industrie qui préfère le plastique recyclé, garant de son business.
[2 / 3] Sortir du plastique, un (...) -
Miné par les inégalités et la corruption, le Pérou enlisé dans une crise profonde
C'est un record mondial : le Pérou compte désormais trois anciens présidents incarcérés. Alejandro Toledo (2001-2006), qui vient d'être extradé depuis les États-Unis vers Lima où il sera jugé pour corruption, a rejoint derrière les barreaux deux autres anciens chefs de l'État : Alberto Fujimori (1990-2000), condamné en 2009 à 25 ans de prison pour crimes contre l'humanité, et le dernier président en date à avoir été élu, Pedro Castillo (2021-2022).
La destitution et l'arrestation de ce dernier en décembre 2022 avaient été suivies de manifestations massives de ses partisans, majoritairement issus des communautés dites indigènes (environ un quart des 33 millions d'habitants du pays). Ce mouvement fut réprimé dans la plus grande violence.
Si aujourd'hui un calme relatif semble revenu, le Pérou n'en demeure pas moins plongé dans une crise profonde dont on peine à discerner la fin.
De la chute de Castillo à la répression de ses partisans
Le 7 décembre 2022, confronté à une motion de destitution lancée par les parlementaires de droite et d'extrême droite, majoritaires au Congrès, Castillo (qui avait été élu président en juillet 2021 sous les couleurs du parti marxiste Pérou libre) annonce la dissolution du Congrès, la création d'un gouvernement d'urgence exceptionnel et la convocation imminente d'une Assemblée constituante.
Cette initiative est désavouée par la plupart de ses ministres et par la vice-présidente Dina Boluarte, élue sur le ticket de Castillo en 2021 mais qui déclare ce même 7 décembre que la tentative d'auto-putsch de Castillo avait aggravé la crise institutionnelle. L'armée refuse également de suivre le président. Celui-ci est arrêté par la police alors qu'il se rendait à l'ambassade du Mexique, qui lui avait accordé l'asile politique. Le Congrès le destitue et le remplace par Boluarte. Le Parquet ordonne son emprisonnement.
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Dès la prise de fonctions de Dina Boluarte, le 7 décembre 2022, des manifestations spontanées se multiplient dans tout le pays pour exiger la tenue d'élections générales anticipées, la dissolution du Congrès, jugé mafieux et putschiste, la convocation d'une Assemblée constituante afin de rédiger une nouvelle Loi fondamentale plus soucieuse des droits des citoyens, voire la libération de Castillo.
Cette mobilisation exceptionnelle, partie des villes de province du centre-sud des Andes et des secteurs paysans et indigènes quechua et aymara, se heurte à une répression « excessive et disproportionnée », pour reprendre les termes d'un rapport de Human Rights Watch intitulé « Dégradation létale. Abus des forces de sécurité et crise démocratique au Pérou ». On relève une soixantaine de morts et des milliers de blessés, le plus souvent par balles. Des preuves irréfutables attestent de l'utilisation prohibée d'armes à feu par les militaires et la police, dont des fusils d'assaut ; en outre, des exécutions extrajudiciaires » auraient eu lieu.
Le 10 janvier 2023 à Lima, les manifestants brandissent des pancartes qualifiant les forces de l'ordre d'« assassins du peuple ». Mayimbú/Wikipedia, CC BY
Le rapport souligne que cette répression s'est déroulée « dans un contexte de détérioration des institutions démocratiques, de corruption, d'impunité pour les abus passés et de marginalisation persistante de la population rurale et indigène du Pérou. »
Le 10 janvier, la Procureure générale ouvre une enquête contre la présidente et plusieurs de ses ministres pour crimes de génocide, homicide aggravé et blessures graves.
Ce recours à la notion de génocide peut surprendre. Il s'explique par la banalisation de ce terme au Pérou depuis le conflit armé des années 1980 et 1990, qui opposa la guérilla maoïste du Sentier lumineux à l'État, les deux parties se qualifiant réciproquement de « génocidaires ».
Répressions des manifestations au Pérou : la présidente visée par une enquête pour génocide. (France 5, 12 janvier 2023)Dans le contexte actuel, l'accusation de génocide relève plus d'une manoeuvre dilatoire de la part de la Procureure générale, alliée aux forces de droite et d'extrême droite du Congrès, que d'une réelle volonté de faire la lumière sur les événements : l'enquête pour génocide prendra énormément de temps, et fera peser en permanence une épée de Damoclès sur Boluarte. Celle-ci, qui est censée achever le mandat de Castillo et donc rester en poste jusqu'en 2026, ne pourra donc guère se permettre de s'émanciper du Congrès tout au long des prochaines années.
La colère des peuples indigènes
La colère doit, pour partie, être saisie à l'aune de l'identification des milieux populaires au symbole incarné par Castillo, instituteur modeste, originaire du monde paysan andin et militant syndicaliste, élu grâce aux votes obtenus hors de Lima.
Son accession au pouvoir en 2021 correspondait au bicentenaire de l'Indépendance du Pérou qui fit advenir la République. Pourtant, la promesse postcoloniale d'égalité entre citoyens ne s'est jamais concrétisée pour les populations autochtones, et la fracture ethnique et géographique persiste.
Nombre d'électeurs de Castillo estimaient que pour la première fois un président « leur ressemblait » et ce, même s'il s'est révélé aussi corrompu que ses prédécesseurs, des preuves incontestables ayant été présentées contre lui et des membres de sa famille pour détournement de fonds publics et trafic d'influence.
L'exercice du droit de vote qui avait été confisqué aux Indiens, du fait de leur analphabétisme, entre la fin du XIXe siècle et 1980 semblait autoriser ces Péruviens historiquement discriminés à croire que, malgré le mépris et le racisme, la démocratie n'était pas qu'un jeu de dupes dont ils étaient fatalement exclus. Cet espoir s'est effondré avec la chute de Castillo.
Un pays profondément inégalitaire
Les manifestations de début 2023 ont constitué l'acmé d'une profonde exaspération qui dépasse la simple question conjoncturelle. L'une des revendications majeures des protestataires était une redistribution plus équitable des richesses.
Le Pérou occupe la quatrième place des pays les plus inégalitaires au monde : 1 % de la population détient 30 % des richesses. La Constitution fujimoriste de 1993 a ouvert la voie au néolibéralisme le plus débridé, seulement comparable en Amérique latine à la Constitution pinochétiste du Chili, adoptée en 1980. Elle accorde d'importants avantages fiscaux aux multinationales, laissant dans une situation de grande vulnérabilité les populations les plus fragiles, démunies face à l'accaparement et la pollution de leurs territoires par des entreprises extractives.
À lire aussi : L'accélération de la disparition de la forêt amazonienne menace les peuples autochtones
Après la chute du régime autoritaire de Fujimori en 2000, la transition à la démocratie n'a pas changé la donne. Le désengagement de l'État a induit l'absence de politiques efficaces susceptibles de remédier aux inégalités structurelles en termes de droits sociaux, économiques et culturels. Et avec la pandémie de Covid-19, la pauvreté a explosé. Le Pérou affiche le taux de décès dus à ce virus le plus élevé au monde, en partie en raison de l'effondrement de son système de santé publique et de l'absence totale de régulation étatique face à l'envol des prix des cliniques, des médicaments et de l'oxygène. Certains sont morts dans la rue dans l'attente vaine d'une prise en charge sanitaire.
Les populations indigènes de l'intérieur du pays bénéficient encore moins de l'accès aux soins de santé et à une éducation de qualité, ce qui s'est traduit par une hausse de la malnutrition infantile et de l'analphabétisme. La fermeture des écoles pendant deux années consécutives et la piètre qualité du réseau voire l'absence d'Internet dans les zones rurales ont signifié la déscolarisation de milliers d'enfants.
Le Congrès en position de force
La répression étatique n'a cessé de criminaliser les protestations de rue, qui ont fini par se tarir depuis mars. Aucune des revendications populaires n'a été prise en compte, notamment la tenue d'élections générales anticipées, pourtant souhaitée par 73 % des Péruviens, mais repoussées sine die par les représentants du pouvoir législatif, qui aspirent à rester en poste jusqu'en 2026.
Le gouvernement de Dina Boluarte n'est, de fait, qu'un appendice du Congrès, qui a mis en place un régime parlementaire contrôlant désormais presque tous les pouvoirs de l'État. L'agenda ultra-conservateur de ce couple de raison exécutif-législatif, qui vise à consolider le pouvoir de certaines élites en maintenant l'apparence formelle d'un régime démocratique, compte sur l'appui des forces armées et de la police, alliées cruciales dans la répression de toute forme d'opposition politique.
Un calme précaire s'est donc instauré au Pérou, mais les événements du début de l'année auront marqué les esprits. Notamment parce que les manifestants se sont largement exprimés en quechua et en aymara, aussi bien sur les réseaux sociaux que durant leurs rassemblements, notamment lors de la grande « marche sur Lima » le 16 janvier, où nombre d'habitants des Andes se sont rendus pour être entendus du pouvoir centraliste.
Que l'usage de ces langues autochtones ne soit plus un motif de honte dans la capitale et que, bien au contraire, l'identité indigène soit fièrement revendiquée, est un phénomène inédit qui mérite d'être souligné, et qui est peut-être annonciateur de nouvelles façons d'investir le champ politique au Pérou.
Cette mobilisation souligne aussi l'urgente nécessité pour l'État péruvien de revoir les modalités de son contrat social, de façon à refléter enfin les aspirations de l'ensemble de ses citoyens ainsi que la composition pluriethnique du pays.
Valérie Robin Azevedo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
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Les politiques publiques doivent-elles sauver des vies ou des années de vie en plus ?
Les dépenses publiques pour réduire la mortalité doivent-elles tenir compte de l'âge ? Par exemple, à la suite d'une intense vague de chaleur ou d'une violente épidémie, convient-il d'éviter d'abord le décès d'enfants, d'adultes ou de vieilles personnes ? Dit autrement, pour un budget donné doit-on chercher à sauver le plus grand nombre de vies possibles, sans opérer de distinction d'âge parmi elles, ou sauver le plus grand nombre d'années de vie possibles en privilégiant la population qui bénéficie d'une espérance de vie plus longue car plus jeune ?
La question est vivement débattue chez les économistes. Elle y prend la forme d'un choix de l'emploi de la valeur d'une vie humaine uniforme ou de la valeur d'une année de vie humaine, deux notions qui peuvent être mises en regard des dépenses publiques pour évaluer leur pertinence et les comparer. Nous préconisons de compter selon les années de vie gagnées donc selon l'âge lorsque les aléas frappent avant tout les personnes âgées. Comme dans le cas des canicules ou du Covid-19. Rappelons qu'en France 86 % des décès de la canicule de 2003 et 83 % des décès de l'épidémie du SARS-CoV-2 ont affecté des personnes de 70 ans et plus.
Quelle est la « valeur statistique d'une vie » ?
Avant d'argumenter ce choix, nous devons revenir à quelques notions et principes de base du calcul économique. Afin de mieux répartir les dépenses publiques pour sauver des hommes, l'économie appliquée a besoin de chiffres. Pour décider quelles actions mener contre les accidents de la route ou contre le tabagisme, il est nécessaire de comparer leurs coûts aux bénéfices en termes de vies humaines épargnées. Et comme le coût s'exprime en euros, il faut bien aussi exprimer les bénéfices en euros.
On arrive ainsi à la notion consacrée de « valeur statistique d'une vie ». Attention, il ne s'agit pas du prix d'une vie : depuis la fin de l'esclavage, il n'y a plus de marché, donc de prix des vies humaines. Il ne s'agit pas plus d'une valeur de la vie, et encore moins de la valeur de la vie. Il s'agit d'une valeur statistique à double titre. En premier lieu, elle reflète la diminution d'un risque individuel de décès qui résulte d'une politique publique. À ce titre, elle ne doit pas être confondue avec une valeur des vies humaines. En second lieu, elle concerne un individu non identifié.
Imaginons une société de 100 000 individus qui envisagent de financer un projet public de sécurité. Supposons que chacun soit prêt à payer 100 euros en moyenne pour réduire la probabilité de décès de 3/100 000 à 1/100 000, soit 2 décès en moins pour l'ensemble de cette société. On en déduira une « valeur statistique d'une vie » de 5 millions d'euros (100.000x100/2). Ou, selon une formulation bien meilleure mais plus longue, « le coût d'évitement d'une mort anonyme additionnelle » de 5 millions d'euros.
Cette approche statistique constitue un instrument d'aide à la décision publique visant à réduire le risque de mortalité et à le faire le plus intelligemment possible. L'État ne peut pas consacrer exclusivement son budget à sauver des vies humaines. Il est important d'estimer s'il convient de dépenser un peu plus pour prévenir les maladies cardio-vasculaires que pour les soigner, pour lutter contre l'alcool et l'héroïne, ou encore pour réduire les accidents de la route et d'avion. L'enjeu est d'épargner le plus de vies possible avec un budget donné.
Bien entendu, la mort ne peut pas être perpétuellement évitée. Intuitivement, la valeur d'un individu pour retarder sa mort dépend du temps gagné un an c'est mieux qu'une semaine et de l'âge un an de plus à 40 ans c'est mieux qu'un an de plus à 80 ans. D'où la seconde notion, celle de « valeur statistique d'une année de vie », pour désigner la perte d'une année de vie en moins.
Trois millions d'euros en moyenne pour une vie sauvée en plus
Une des méthodes largement utilisées pour estimer ces valeurs consiste à demander aux individus eux-mêmes ce qu'ils sont prêts à payer pour une réduction du risque. Les montants déclarés sont ensuite agrégés et les moyennes calculées.
Le recensement le plus complet des études portant sur la valeur d'une vie humaine sauvée est celui produit par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 2012. Il couvre les quelque 1000 études académiques faites sur le sujet ; il les classe selon le type de risque pris en compte (transports, santé, environnement), selon le type d'enquêtes (questionnaire administré face à face, par téléphone, par échanges de courriels, etc.), selon la méthode (analyse contingente dans laquelle on demande à l'interviewé la somme d'argent qu'il est prêt à consacrer pour une réduction de X de son risque de décès au cours de l'année prochaine ; ou l'analyse conjointe où on demande à l'interviewé son choix entre deux situations qui lui sont proposées et qui diffèrent par le risque et par la somme d'argent qu'il doit payer). Ce recensement a abouti à une valeur moyenne statistique d'une vie de 3 000 000 euros pour l'ensemble de l'OCDE.
À côté de ces nombreuses estimations de la valeur statistique d'une vie, celles qui portent sur l'année de vie sont plus rares. Citons comme exemple une étude, portant sur plus d'un millier de personnes interrogées en 2010 dans plusieurs pays européens, qui aboutit à un montant de 40 000 euros pour la valeur d'une année de vie. La question portait sur leur consentement à payer pour un gain d'espérance de vie de 3 mois ou de 6 mois selon un scénario de réduction de la pollution plus ou moins ambitieux.
Derrière ce type de résultats, il faut imaginer des protocoles aussi précis que complexes (en particulier pour expliquer les difficiles notions de risque et de probabilité) et des jeux de questions testées avec rigueur et formulées avec soin. Il faut savoir aussi que les valeurs obtenues dans les réponses sont dispersées parmi les individus soumis à la même enquête.
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Plus élevée pour les individus plus riches, par exemple. Idem pour les valeurs moyennes obtenues d'une enquête à l'autre selon les protocoles choisis et les questions posées. Elles sont plus élevées pour un programme de santé que pour un projet d'aménagement routier. Pour tenir compte des progrès théoriques et de la multiplication des travaux appliqués, les valeurs officiellement recommandées ou adoptées par les administrations évoluent d'ailleurs avec le temps.
En France, la valeur statistique d'une vie est ainsi passée de la première référence en1970 à la plus récente en 2013 d'un peu moins de 300 000 d'euros d'aujourd'hui à un peu plus de trois millions d'aujourd'hui. L'un des auteurs de cet article a d'ailleurs dirigé les réflexions et les travaux qui ont abouti en 2013 au choix de ce montant ainsi qu'au montant de 160 000 euros pour la valeur statistique de l'année de vie. Le rapport qui justifie ces valeurs précise qu'il est utile de recourir à l'année de vie perdue pour compléter les analyses et les calculs quand « la question de l'âge se pose ». Il ne recommande pas toutefois dans ce cas d'employer uniquement cette valeur. Il convient désormais de trancher ce ni oui ni non.
Fair innings
Pourquoi proposons-nous d'opter en faveur d'une valeur tenant compte de l'âge ?
Examinons d'abord les conséquences d'un tel choix. Les personnes âgées ayant moins d'années à vivre devant elles, le passage d'une comptabilité en valeur d'une vie perdue à une comptabilité en année de vie perdue conduit à retenir proportionnellement moins de projets de réduction du risque de mortalité en leur faveur. Par exemple, dans le choix entre un projet qui évite des décès de canicule et un projet qui évite des décès d'accident de la route et donc bénéficie à une population plus équilibrée en âge, le premier sera économiquement plus avantageux, toutes choses égales par ailleurs.
En France, la valeur statistique d'une vie est ainsi passée de la première référence en1970 à la plus récente en 2013 d'un peu moins de 300 000 d'euros d'aujourd'hui à un peu plus de trois millions d'aujourd'hui. Wallpaperflare, CC BY-SA
Le choix d'une valeur ou d'une autre relève ainsi d'un souci de justice intergénérationnelle, soit celui de privilégier les vieilles générations soit celui de privilégier les jeunes générations.
Privilégier ces dernières et non l'inverse repose sur l'idée que chacun disposerait d'une durée d'existence semblable égale à l'espérance de vie de sa classe d'âge. Toute personne qui décèderait plus tôt subirait une injustice que la collectivité devrait prévenir. Ce principe est défendu par un économiste de la santé anglais, Alan Harold Williams. Il s'est inspiré des réflexions d'un philosophe compatriote. En référence au sport national de l'Angleterre, il porte le nom d'argument du Fair innings, ce dernier terme désignant une manche du jeu de cricket pour l'équipe du batteur.
Il pose que l'évitement de décès de personnes ayant franchi ou s'approchant du cap de la vieillesse n'est pas acceptable s'il peut seulement être obtenu en coûtant des vies à ceux qui en sont loin. Une telle situation apparaît quand la société s'est fixé un budget contraint pour les dépenses de santé et de sécurité civile. Plus largement, l'argument du Fair innings rejoint l'idée d'une réduction légitime des inégalités de durée de vie entre les individus.
Observons que ce principe n'est pas sans références imagées. Par exemple à travers la formulation populaire « d'années de bonus » pour qualifier celles au-delà de l'espérance de vie. Ou même dans la Bible spécifiant que « Les jours de nos années s'élèvent à 70 ans » et suggérant que ceux qui vivent plus longtemps n'ont pas à en tirer orgueil car ils n'y sont pour rien.
Courbe en U renversé
Dès lors, quelle valeur du coût d'une année de vie en moins évitée choisir ?
Une première façon consiste à la déterminer à partir de la « valeur statistique d'une vie » en la saucissonnant. Pour un individu de 40 ans bénéficiant d'une espérance de vie de 78 ans, la valeur d'une tranche d'une année de vie est égale à la « valeur statistique d'une vie » divisée par 38 (i. e., 78 40). Mais pour tenir compte dans le temps de l'arbitrage entre consommer aujourd'hui ou demain, il est nécessaire d'actualiser le nombre d'années de vie au dénominateur. C'est l'approche suivie dans le rapport cité plus haut qui aboutit au montant de 160.000 euros en prenant un taux d'actualisation de 3 %.
Cette façon de faire est très commode car on dispose d'un beaucoup plus grand nombre de travaux qui déterminent directement la valeur statistique « d'une vie » plutôt que « d'une année de vie ». Une de ses principales faiblesses est que le résultat est très sensible au taux d'actualisation alors qu'il n'a pas été observé. Il résulte d'un choix des experts et ce choix comporte donc une part d'arbitraire.
Une seconde méthode repose encore sur la « valeur statistique d'une vie » mais considère qu'elle n'est pas indépendante de l'âge. Un grand nombre d'enquêtes et de modèles laissent penser en effet que c'est bien le cas. Ils montrent que la valeur d'une vie en fonction de l'âge prend approximativement la forme d'un U renversé. Elle augmente rapidement au cours des jeunes années, se stabilise à l'âge adulte et diminue plus ou moins vite au cours de la vieillesse. La forme précise du U renversé et donc la valeur d'une année de vie selon l'âge, qui n'est donc plus constante contrairement à la première méthode, diffère cependant beaucoup selon les études.
Une troisième façon consiste à repérer à travers des questions auprès des individus comment leur déclaration sur la valeur d'années de vie additionnelles varie selon leur âge. Il existe cependant extrêmement peu de travaux en France ou ailleurs procédant de cette façon.
En attendant que ce type d'enquêtes directes se développent ou d'autres avancées de la recherche, nous suggérons d'employer l'une des deux autres méthodes. Mais nous recommandons que la présentation des résultats pour évaluer telle ou telle dépense publique soit accompagnée d'une étude de sensibilité au taux d'actualisation et courbes de U renversés choisies.
Concluons par deux observations qui rejoignent les débats et réflexions actuelles sur la fin de vie. En premier lieu, la pondération des vies sauvées par le nombre d'années de vie gagnées doit naturellement tenir compte de la qualité de vie au cours de ces années gagnées. C'est un autre pan bien fourni de la recherche économique qui prolonge ceux mentionnés ici. Il s'est notamment développé dans le secteur de la santé. En second lieu, notre proposition doit être discutée et débattue au-delà des experts de la question et de l'administration. Il ne s'agit pas d'un choix technocratique. Les citoyens doivent y être associés et en délibérer.
Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.